Un site de biovalorisation de déchets organiques à Dano

Une fois terminée la coupe de ruban sur la ferme de Dano, les invités ont accès immédiatement au site dit de biovalorisation de déchets organiques. Première étape : un luxe de détails sur les bassins juxtaposés destinés à l’élevage de poissons, des tilapias roses de préférence. Si le visiteur est naturellement attiré par l’eau, il va apprendre par la suite que cette eau est pompée d’un ravin ordinaire à quelque 200 mètres du site, et conduite sur les lieux via des PVC pour faire vivre les poissons. Les poissons sont nourris, surveillés, soignés quotidiennement par des passionnés, disons des fous du métier. On s’en est vite rendu compte.

L’eau, les déchets organiques et les microorganismes évacués ou développés à la faveur de la présence des poissons sont acheminés dans des conduits pour alimenter les cages d’animaux et les plantes de toutes sortes situées en contrebas. Des cabris, des porcs, des canards, des poules, etc. Chaque espèce d’animaux ou de variétés de plantes est catégorisée, placée dans des positions précises pour une meilleure efficience. Les visiteurs, qui ne cessent de poser des questions, finissent par comprendre que rien n’a été laissé au hasard pour favoriser la synergie, l’interdépendance et l’harmonie du système.

Un coup d’œil panoramique sur la ferme explique la suite logique des différentes unités du système mises en place pour perpétuer la vie des déchets. Un tel système ferait rêver aussi bien les générateurs de déchets que les opérateurs d’assainissement ou tant de municipalités en crise à travers le pays. Suivez mon regard… Avec la surpopulation des villes et l’extension démesurée des aires urbaines, on assiste de nos jours à une inadéquation entre la demande et l’offre de services urbains de proximité. On est encore loin d’une gestion urbaine de proximité efficace, responsable et autonome. Ne parlons pas de l’espace exigu entre les maisons, l’étroitesse des voies de pénétration, la non-maîtrise par les familles du processus de collecte sélective des déchets qui compliquent encore le processus de gestion des déchets.

Une initiative durable de gestion écologique des déchets biodégradables

Le coordonnateur de SYACDEIN, l’ingénieur-agronome Edson Lubin, entre quelques explications au public, fait savoir que l’organisation propose un modèle selon une approche synergique où la gestion des déchets intègre une démarche globale de renonciation des communautés urbaines et rurales, le développement du tourisme écologique et l’inter échange constructif et instructif. Sans négliger en même temps la promotion pour la consommation de produits sains, la promotion de la citoyenneté responsable et la dynamique de recherche sur la viabilité et l’amélioration du système.

« Les trois conditions de l’assainissement ont de la peine à se tenir fermement, à savoir l’éducation, le service et la sanction. Plusieurs alternatives isolées tentent d’aborder le problème de la gestion urbaine des déchets. Cependant, la plupart de ces initiatives nécessitent de la subvention et du temps », a déclaré Edson Lubin, capitaine d’une équipe surmotivée. Au four et au moulin, M. Lubin soutient en ce sens que ce temps est nécessaire pour une adoption réelle de bonnes pratiques en gestion de déchets et pour un relèvement définitif de l’Etat à travers une manifestation concrète de la puissance publique.

« Il faut du temps pour tester des initiatives qui soient ancrées dans une logique économique durable : financièrement abordable, écologiquement responsable. Du temps pour les opérateurs d’assainissement pour ajuster leur modèle économique par rapport à certaines contraintes de taille, l’excentricité des décharges par rapport aux villes, l’embouteillage », a-t-il fait savoir tout en soulignant le problème récurrent de l’irrégularité des paiements des abonnés.

Edson Lubin précise que, à travers cette séquence de temps, plusieurs ateliers de leçons apprises sur différents systèmes de gestion des déchets tentent de préciser les voies et moyens de sortie. A ses yeux, il est temps de s’atteler à approfondir les démarches et de procéder intelligemment à une meilleure allocation des ressources disponibles. L’ingénieur-agronome Lubin confie que plusieurs familles sont désormais prêtes à réagir positivement sur leur rôle princier dans le maillon de la chaîne de gestion. En plus de leur responsabilité, elles sont appelées à apporter leur contribution et leur technique pour collecter sélectivement ou trier sélectivement les déchets.

Le rapprochement de l’Etat et des citoyens à travers l’effort conjugué des associations locales et les municipalités représente le fondement de la démarche. 13 associations locales de la région goâvienne sont parties prenantes de la démarche soutenue à cette date avec des ressources propres. Ce site, qui est aussi dédié à la vulgarisation des techniques permacoles, sera techniquement soutenu par une association cubaine spécialisée dans la permaculture.

Avec la réalisation du site de biovalorisation des déchets organiques à Dano, les concepteurs veulent rendre possible la construction d’un dialogue entre les communautés urbaine et rurale. Les organisateurs se rangent en catalyseurs pour un retour de la fertilité des déchets végétaux empilés dans des marchés urbains vers les versants ruraux montagneux à travers les pépinières d’essences forestières et fruitières.

L’implication citoyenne est la clef de voûte qui doit être soutenue par la régularité du service. Pour SYACDEIN, le citoyen, le chef de ménage doivent s’identifier à travers la démarche : Groupe de familles en exemple d’amis de l’environnement. Les familles, disent les responsables, ont le droit de visiter le site et de bénéficier des plantes et produits du site même à un prix subventionné. Elles sont considérées comme des associées.

Dans cette ferme existe une combinaison de production très rentable et de celle peu rentable dans une logique de maintenir l’équilibre écologique du système. Par exemple, l’élevage du poisson et de la poule est rentable tandis que l’élevage du porc et du canard est à cette date relativement peu rentable. Les responsables recherchent un équilibre d’un système avec partage des charges et répartition de profits.Quelques composantes du système Cinq (5) bassins piscicoles couvrant une surface de 135 m2 de capacité totale 189 m3. Les géniteurs occupent un bassin, les frais un autre et les trois autres sont réservés pour la production de poissons à des fins de commercialisation. a- Un poulailler de 64 m2 pour la production b- Une porcherie de quatre espaces séparés de 12 m2 chacun soient une superficie totale de 48 m2 c- Un espace sauvage de 24 m2 pour les dindes d- Une mini-pépinière de cacaoyers de 3000 plantules e- Un petit potager de betteraves, piment-épinard et carotte f- Un jardin maraicher de tomate et de chou g- Une bananeraie h- Un prototype de bio-digesteur i- Un bac à compost j- Un espace d’implantation des techniques aqua-ponique et de filtration d’eaux. k- Une station de réception de traitement et de distribution de la matière organique issue des marchés et des ménages opérant la collecte sélective Tout le système est inter-relié par un flux de fertilisant (compost- eau fertilisée riche en azote issu du processus de drainage des bassins piscicoles- lisier de porc- litière des poulaillers) et d’énergie (bio méthane- fourrage pour animaux). Des mesures de biosécurité sont prises au niveau du site pour la santé des animaux, des plantes et des gens qui fréquentent le site. L’organisation est joignable via : syacdeinhaiti@gmail.com

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